Vous avez dit laïque? (27/02/13)
"Soulevant un chapeau du sommet de son crâne, l'homme se pencha légèrement en avant et, d'une voix dense et affectueuse, vous salua."
D'après le Larousse, dictionnaire reconnu, le terme "laïque" renvoie, d'une part, à "tout ce qui concerne la vie civile, par opposition à la vie religieuse" et, d'autre part, à quelque chose qui serait indépendant des "organisations religieuses". Jusque-là, tout va bien.
Ensuite, d'après le même ouvrage, la "laïcité" est une "conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l'Église et de l'État et qui exclut les Églises de l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l'organisation de l'enseignement. Est également précisé que "le principe de la laïcité de l'État est posé par l'article 2 de la Constitution française de 1958".
Allons donc voir cet article constitutionnel. /Instant flottant, je suis perplexe/. Car en allant sur cette page Legifrance, vous constaterez, comme moi, que l'article à été remanié deux fois depuis sa création. Une fois en 1992 et une fois en 1995. À l'origine, l'article contenait, entre autres, les mots suivants: "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances." Lors de la modification de 1992, ces mêmes termes apparaissent toujours. Il est simplement rajouté que la langue française devient la lange républicaine. Par contre, avec la modification intervenue en 1995, les termes cités plus haut n'apparaissent plus. Plus rien. Je reste coi devant mon ordinateur.
Moi qui comptais - et je ferai ici faire une petite parenthèse - faire tout un article sur l'écart apparent entre la laïcité, inscrite dans les droits constitutionnels de la république, et le fait que l'état continue "à rémunérer prêtres, pasteurs et rabbins en Alsace-Moselle".... me voilà bien embêté. J'espérais plus de précisions avec cet article-là, mais je semble encore nager dans l'incertitude.
/Fin de l'instant flottant, j'ai trouvé une réponse!/ Grâce à mon ami Wikipédia, que je n'avais pas encore consulté. Il m'apprend qu'en réalité, lors de la modification de 1995, toute la phrase concernant la laïcité de la République française a été déplacé au sein de l'article premier. Une question de hiérarchie de droit entre les articles je suppose... Quoi qu'il en soit, me voilà rassuré! Le principe de séparation de l'État et de l'église est toujours inscrit dans la constitution. En même temps, on en aurait certainement entendu parler si ce n'était plus le cas. Je peux donc vous proposer le questionnement qui, mêlé de surprise et de révolte, me traverse.
Comment est-il possible que l'État français participe financièrement, encore de nos jours, à l'entretien - si je puis dire - des cultes en Alsace et Moselle? Il s'agit en l'occurrence de quatre cultes reconnus: catholique, protestant luthérien, protestant réformé, et israélite. Cela vient, il me semble, à l'encontre du principe de laïcité. Non? Pourtant, le conseil constitutionnel en a récemment décidé autrement, arguant de la tradition et de la non-justification de la remise en cause d'une exception vieille de plus de 50 ans et issue de la période de l'après-guerre. Incompréhension de ma part. La constitution étant la source de droit la plus forte, comment est-il possible que cette situation demeure? Certes la définition de la laïcité est certainement plus complexe que je ne l'ai énoncé en début de texte, au moins dans son rayonnement philosophique. Mais dans ce cas, je pose une question simple: L'argent public, le votre, le mien, doit-il participer à subventionner le culte et le religieux? En ce qui me concerne, je suis contre. Franchement contre même.
M'est avis que chacun devrait pouvoir pratiquer le culte qui lui plait, dans le respect préalable des valeurs républicaines. Pour autant, je ne donnerai pas un sou au chrétien voulant restaurer son église, pas un sou au musulman (d'ailleurs absents de l'exception alsacienne, je précise) pour qu'il rénove le froid carrelage de sa mosquée, pas un sou au juif désirant agrandir sa banq... pardon ... sa synagogue, etc etc... Et je serai contrarié que l'État, par l'intermédiaire des impôts, le fasse à ma place.
En écrivant ceci, je donne évidemment mon avis. Il n'engage que moi. Je serais évidemment très curieux de pouvoir lire ceux des lecteurs qui passent ici, alors ne vous gênez pas! Les commentaires sont ouverts à cet usage. D'ailleurs, je me questionne également sur les facultés de théologies, leurs rôles et leurs financements, en France. Quelqu'un en sait-il quelque chose?
À bientôt!!
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